Les forêts du Grand Est
La région Grand Est se situe à la limite entre un climat océanique altéré et un climat semi-continental, avec des influences montagnardes sur le relief des Vosges et des Ardennes. Elle présente une grande variété de substrats géologiques. Les forêts sont regroupées dans 15 sylvoécorégions et couvrent 1 951 000 ha toutes propriétés confondues, soit un peu plus du 1/3 du territoire régional. Les forêts de notre région sont donc d'une grande diversité en essences et en faciès.
La région Grand Est est la 4ème région forestière française
La forêt régionale est majoritairement feuillue :
- 79% de peuplements à feuillus dominants représentent
- 21 % de peuplements à résineux dominants
Les peuplements sont globalement plus riches et productifs que la moyenne française : le volume de bois sur pied est en moyenne de 219 m3/ha (volume bois fort tige), nettement supérieur à la moyenne nationale de 174 m3/ha. La production biologique annuelle nette (quantité de bois produite par la forêt, déduction faite de la mortalité naturelle) est de l’ordre de 6,5 m3/ha/an (la plus élevée de toutes les régions métropolitaines), contre une moyenne de 5,1 m3/ha/an au niveau national. 69 % des peuplements sont composés d’au moins 2 essences. Les peuplements monospécifiques (peuplement à 1 essence) ne représentent qu’un peu plus du quart de la surface des forêts privées (28 %), proportion comparable à celle du domaine public (30 %).
Importance et répartition des forêts privée du Grand Est
Contrairement à la situation nationale, où les 3/4 des forêts sont privées, la proportion de forêts privées augmentant selon un gradient est-ouest : si seulement 1/4 des forêts appartiennent à des particuliers dans les 2 départements alsaciens, leur proportion atteint 70 % dans l’Aube et 82 % dans la Marne.
La forêt du Grand Est est morcelée
La forêt privée régionale se caractérise par son fort morcellement. Elle se répartit entre 313 705 propriétaires (données cadastre 2016), qui détiennent en moyenne 2,2 ha (contre 3,7 ha au niveau national). Ce morcellement, frein majeur pour la mise en gestion et la mobilisation du bois dans ces propriétés privées, est plus marqué en Alsace. La surface moyenne par propriétaire y est inférieure à 1 ha, contre 2 ha en Lorraine et 3,4 ha en Champagne-Ardenne.
Les propriétés privées de moins de 4 ha regroupent plus de 90 % des propriétaires mais seulement 1/4 de la surface de forêt privée régionale, avec toutefois une grande disparité entre départements : dans le Haut-Rhin, plus de la moitié des forêts privées sont comprises dans cette tranche, alors qu’elles ne sont que 17 % en Haute-Marne. Plus de la moitié de la surface forestière privée est constituée par des propriétés de plus de 25 ha, mais ces dernières ne concernent qu’1 % des propriétaires.
Les peuplements en forêt privée du Grand Est
Les peuplements en forêt privée sont dominés par les bois moyens qui représentent la moitié du volume sur pied. Mais les Gros et Très Gros Bois (GTGB) restent importants avec plus du 1/4 du volume (28 %), leur part étant en augmentation constante au cours des dernières décennies.
S’il est essentiel de maintenir une part de GTGB pour préserver la biodiversité inféodée aux stades de maturité des peuplements, la progression de cette catégorie de diamètre traduit aussi le manque de renouvellement des peuplements constaté les dernières années. Parmi les causes de ce déficit de renouvellement, on peut citer :
- le déséquilibre forêt-gibier,
- les difficultés de valoriser correctement certaines catégories de GB et TGB ;
- le renchérissement du coût de la main d’œuvre
- le morcellement entraînant une absence de gestion dans une partie des propriétés privées.
Les principaux types de peuplements
En région Grand Est, près de 3/4 des peuplements de production (forêts privées et publiques confondues) présentent une structure de futaie régulière. Environ 1/4 sont des mélanges futaie-taillis et seulement 3 % sont des futaies irrégulières. La part des taillis est dans l’ensemble anecdotique, mais ces derniers sont encore bien présents en forêt privée sur le piémont alsacien du massif vosgien. La proportion des mélanges futaie-taillis augmente selon un gradient est-ouest, ce type de structure occupant des surfaces importantes dans les forêts privées de l’ancienne région Champagne-Ardenne.
Description par département
Les Ardennes (08)
Les Ardennes présentent une très grande variété de paysages et de peuplements forestiers. Au Nord du département (Ardenne primaire) et à l’Est (Argonne), les peuplements de chêne et de hêtre sont majoritaires, mais ils ont parfois laissé la place à des plantations résineuses (majoritairement d’épicéa commun et de douglas). Le centre du département (Crêtes, Thiérache, Champagne humide, Dépressions...) est majoritairement feuillu et diversifié. Outre les hêtres et les chênes qui structurent les peuplements, s’y rencontrent des frênes, des érables, des charmes, des tilleuls, des aulnes... Le sud (Champagne crayeuse) est très peu boisé.
La forêt occupe environ 153.000 ha, soit 30 % de la surface du département. Elle est majoritairement privée (54 %, contre 46 % de forêts publiques).
L’Aube (10)
Avec 150.000 ha, la forêt occupe 25 % du territoire de l’Aube. Elle appartient pour ses deux tiers à des propriétaires privés.
Au Sud-Est, les Plateaux calcaires sont le domaine des hêtraies. Le hêtre y est accompagné de nombreuses autres essences : chênes, charmes, érables, tilleuls, fruitiers...). La Champagne humide et le Pays d’Othe ont des peuplements dominés par les chênes. Ils sont accompagnés des charmes, de hêtres, de frênes, de trembles. Les vallées de l’Aube et de la Seine bien que globalement peu boisées ont un rôle important dans la production de peupliers.
La Marne (51)
La forêt est peu présente dans le centre de ce département (Champagne crayeuse), alors que l’Ouest et l’Est sont fortement boisés. Globalement, la forêt occupe 156.000 ha (19 % de la surface du département). Elle est privée aux deux tiers.
A l’Est, l’Argonne est fortement boisée avec une dominance du chêne et du hêtre. Des plantations de résineux à croissance rapide (épicéa commun, douglas) y ont été installées. La Champagne humide est dominée par les chênes.
A l’Ouest, les plateaux (Brie, Montagne de Reims) portent des forêts feuillues dans lesquelles les chênes dominent et sont accompagnés d’autres feuillus (charme, hêtre, frêne, feuillus précieux...). Dans le Perthois et la vallée de la Marne, les forêts alluviales sont rares. De nombreuses parcelles y ont été plantées en peuplier.
La Haute-Marne (52)
La Haute-Marne fait partie des départements très boisés de plaine. La forêt y occupe 250.000 ha (40 % de la surface du département). La forêt publique y est majoritaire. La forêt privée n’occupe que 46 % de la surface totale forestière.
Les Plateaux calcaires occupent toute la partie centrale du département. Les forêts y sont très présentes et diversifiées. Le hêtre qui domine y est accompagné de nombreuses autres essences : chênes, charmes, érables, tilleuls, fruitiers...
Au Sud-Est du département, le Bassigny porte des chênaies-hêtraies. Le charme et le frêne y sont assez fréquents. Au Nord du département, la Champagne humide (le Der) accueille majoritairement des chênaies dans lesquelles diverses essences feuillues (charme, hêtre, frêne, feuillus précieux...) sont présentes en mélange.
La Meurthe-et-Moselle (54)
La forêt privée de Meurthe-et-Moselle occupe près de 58 000 ha dont 98 % de forêt de production (terrains permettant l’exploitation des bois).
Les essences feuillues représentent 70 % avec une répartition préférentielle selon les régions naturelles. Sur les plateaux calcaires nous retrouvons le hêtre et les feuillus précieux tels que les érables, le merisier et les alisiers. Alors qu’en plaine lorraine, les chênes sessile et pédonculé dominent et sont souvent accompagnés de charme. Ces peuplements feuillus sont pour la plupart issu d’un mélange de futaie et de taillis.
Les essences résineuses représentent 30 % et sont localisées à l’Est du département dans les contreforts du massif Vosgien. Le peuplement natif est la hêtraie-sapinière, l’épicéa a fortement été introduit au XIXe siècle.
La Meurthe-et-Moselle est le département le plus touché par la tempête de 1999, ceux sont les peuplements des plateaux calcaires et basses Vosges gréseuses qui ont été particulièrement affectés. Quinze ans après, les forêts se reconstituent lentement. Sources : IGN – Campagnes d’inventaire 2009 à 2013
La Meuse (55)
La Meuse, toute forêt confondue, était, avant tempête, le premier département au niveau national pour la production de hêtre de qualité.
La forêt meusienne est majoritairement feuillus (à 80 %). Le hêtre domine sur les plateaux calcaires du Barrois, du Pays Haut, les côtes et collines de Meuse et le Valanginien. Le chêne sessile sur les plateaux de l'Argonne et du Pays Haut, le chêne pédonculé dans la plaine de la Woëvre, ainsi que les feuillus précieux (frênes, érables, merisiers, alisiers …), apportent un complément de richesse et de diversité.
La plupart des peuplements feuillus sont issus de mélange de taillis et de futaie. Les propriétaires forestiers ont également investi, il y a une trentaine d'années, dans les plantations résineuses (épicéa commun, douglas …) qui représentent 18 % de la surface forestières en Meuse).
La Moselle (57)
La forêt privée de Moselle occupe "seulement" près de 51.000 ha. C'est le département le moins boisé de Lorraine pour la forêt privée. Les feuillus dominent à près de 75 %.
On retrouve le hêtre sur les côtes de Moselle, souvent associé avec des feuillus précieux, les chênes sessile et pédonculé sur le plateau lorrain. Contrairement aux autres départements, les peuplements feuillus sont issus pour moitié de futaies, le mélange taillis-futaie constituant la seconde moitié.
Comme en Meurthe-et-Moselle, les résineux en Moselle, essentiellement sapin et épicéa, se situent surtout aux contreforts du massif vosgien, à l'est du département.
Le Bas-Rhin (67)
Le Bas-Rhin, avec 10 régions naturelles, est un département extrêmement varié. Les types de milieux sont très contrastés sur de courtes distances : crête acide des Vosges, vallée alluviale du Rhin, plateau lorrain argileux, dunes sableuses de Haguenau, alluvions sèches de la Hardt, collines du vignoble. A cette diversité de milieux s'associe une variété de peuplements et d'essences dont certaines sont de grande valeur : pin sylvestre de montagne, merisier, chêne et frêne de la plaine alluviale, sapin et hêtre des Vosges,...
Avec plus de 41.000 ha, la forêt privée du Bas-Rhin représente 25 % de la surface forestière. Environ 56.500 propriétaires privés se partagent ces forêts.
Des domaines de plusieurs milliers d'hectares côtoient parfois des propriétés de quelques ares.
Le Haut-Rhin (68)
La forêt privée haut-rhinoise s'étend sur 35 000 ha. Elle recouvre des situations écologiques très variées. Ainsi, le massif vosgien et le jura alsacien comprennent des hêtraies-sapinières et des pessières. Les collines sous-vosgiennes, au-dessus du vignoble, sont caractérisées par leurs taillis-sous-futaie de chêne et hêtre. La plaine est le royaume des mélanges futaies-taillis de chênes et frênes et la terre riche du Sundgau, du hêtre et des feuillus précieux produisant des bois remarquables.
Les forêts en bordure du Rhin complètent cette diversité avec des milieux alluviaux d'exception. Les principales essences feuillues sont le hêtre et les chênes sessile et pédonculé, tandis que le sapin pectiné et l’épicéa constituent la majorité des peuplements résineux.
Les Vosges (88)
Le département des Vosges est le second département français pour la surface forestière (282.000 ha) et le premier pour la production de bois de qualité. En raison du relief du massif vosgien, les futaies résineuses d'épicéa, de pins, de sapin ou mélangées, notamment avec le hêtre, dominent (60 %). Elles occupent la moitié est du département. La plupart d'entre elles sont régulières et proviennent de plantations.
La seconde moitié comprend davantage de feuillus, avec du hêtre sur les reliquats des côtes de Meuse et de Moselle, et du chêne sessile, notamment sur le plateau lorrain.